De toutes les entreprises présentes sur le sol français, Renault est celle qui investit le plus dans la communication publicitaire, avec un budget de plus de 400 millions d’euros chaque année.
Depuis 1963, la publicité du groupe est assurée par la même agence : Publicis.
Entre février et juin 1999, j’avais réalisé une enquête pour le constructeur automobile faisant apparaître que Publicis lui facturait ses prestations 30 à 70% plus cher que ne l’aurait fait n’importe quelle autre agence de publicité.
Je fus ensuite embauché par Renault en juin 1999, avec pour tâche de créer des devis-types sur les prestations audiovisuelles en France et en Espagne, afin de mettre cette agence en concurrence avec d’autres.
Très rapidement, Publicis commença à perdre le marché sur de nombreux événements, dont la convention fournisseurs de 1999.
Le tableau joint en annexe présente un bilan sans appel : pour un même événement, dans la même configuration, entre 1997 et 1999, 71,82% d’économie avaient été fait en passant par d’autres entreprises que Publicis.

Mais, quelques temps plus tard, Mr
Jean-Baptiste Duzan, directeur des achats chez Renault à cette époque,
me donna en aparté une consigne des plus étranges : je devais faire de
Publicis notre « partenaire optima »… Autrement dit, je devais arrêter
les appels d’offres, malgré les énormes économies réalisées, et ne plus
travailler qu’avec Publicis…
Vous comprendrez donc aisément que
l’objectif de 10% de réduction de coûts annuelle dans le domaine de
l’événementiel/publicité/marketing annoncé par Monsieur Louis Schweitzer
et Monsieur Carlos Ghosn n’a jamais pu être atteint…
Pourquoi
continuer à collaborer avec une agence exigeant des montants aussi
faramineux pour ses prestations à Renault ? A qui profite cet argent ?
Mon refus devant les pratiques mafieuses que j’avais découvertes conduisit vite à mon éviction en septembre 2000.
Depuis
quinze ans je mène un combat judiciaire contre mes anciens employeurs,
pour que mes droits soient reconnus et que la vérité éclate enfin sur la
corruption qui règne au sein d’une des plus grandes entreprises
françaises.
Malgré des preuves évidentes, toutes mes tentatives
auprès de la Justice se sont soldées par des classements sans suite et
des refus d’informer incompréhensibles.
J’ai souvent essayé de
faire appel à la presse, mais peine perdue : troisième groupe de
communication au monde par le chiffre d’affaire, Publicis se trouve être
un actionnaire majeur de nos principaux quotidiens nationaux, parmi
lesquels Le Figaro, Le Monde et Libération…
Cette délinquance de
«cols-blancs» est d’autant plus répugnante que le groupe Renault, qui
sort d’une décennie difficile, a multiplié sans vergogne les
licenciements «économiques»… et que le surplus payé chaque année par
l’entreprise à Publicis pourrait servir à payer les salaires de
plusieurs milliers d’employés.
Combien de temps encore laisserons-nous de prétendues élites s’enrichir crapuleusement, dans le mépris absolu du bien commun ?
Hervé Lamiaux